Manifestation de la CCDH au Nouvel Hôpital de Navarre
Une patiente mère de famille est décédée le 15 avril dernier dans les murs de l’établissement. Une enquête administrative interne a été ouverte afin de connaître les conditions de prise en charge de cette patiente, retrouvée pendue dans la salle de bain avec le cordon de son pantalon trois jours seulement après son admission dans l’établissement. Le mari de la victime a déposé plainte contre l’hôpital de Navarre pour négligence et mise en danger de la vie d’autrui.
Ce n’est pas le seul scandale récent ayant eu lieu dans cet hôpital. En août 2017, une patiente du Nouvel hôpital de Navarre, mère de famille également, s’était défenestrée d’un bâtiment de l’hôpital et est décédée d’une hémorragie interne. La famille de la victime avait également porté plainte contre l’hôpital en espérant éviter un futur drame …
« Ma grande sœur avait deux enfants de 11 et 7 ans. Ses enfants ne la verront plus à cause d’une négligence !!! », avait déclaré le frère de la victime.
En mai 2017, un homme exerçant en tant que psychiatre depuis plus d’un an au sein de l’établissement avait été placé en détention provisoire pour avoir exercé sans diplôme au Nouvel hôpital de Navarre. Il aurait suivi environ 500 patients. L’homme avait déjà été condamné pour des faits similaires en 2014. Aujourd’hui, même s’il n’est plus sous les verrous, l’homme a été placé sous contrôle judiciaire.
S’il n’avait en réalité aucun diplôme de médecin et donc aucune connaissance professionnelle nécessaire pour pratiquer un tel métier, la CCDH s’interroge de savoir comment les infirmiers et autres médecins n’aient rien remarqué pendant plus d’un an. Comment les psychiatres peuvent-ils affirmer qu’ils pratiquent la médecine alors qu’un simple escroc a pu librement pratiquer leur « science » durant un an en mettant la vie de centaines de patients en danger sans que personne ne s’en aperçoive…
Par ailleurs, d’après les statistiques de l’année 2016 communiquées par la Commission départementale des soins psychiatriques, concernant le nombre d’internements sans consentement dans l’Eure, ce département ne respecte pas les exigences législatives relatives aux internements sous contrainte.
Selon la loi, il existe plusieurs dispositions légales pour procéder à l’internement de quelqu’un. Les mesures d’urgence ou de péril imminent font partie de ces dispositions. Elles doivent être utilisées à titre exceptionnel car elles ne comprennent pas suffisamment de garanties pour éviter les abus.
En effet, l’hospitalisation forcée en cas d’urgence nécessite un seul certificat médical au lieu de deux dans le cadre d’une admission à la demande d’un tiers. Quant aux soins en cas de péril imminent, cette procédure permet à un seul et même psychiatre d’interner de force n’importe quel citoyen, sans l’accord de la famille ou des proches.
L’utilisation de ces procédures est particulièrement inquiétante dans l’Eure : elles représentent 89% des internements sans consentement effectués dans le département. Ce alors même que la loi précise que ces mesures doivent être utilisées à titre exceptionnel.
C’est ainsi que dans l’Eure, l’exception est devenue la règle ! Les chiffres montrent que les psychiatres ne respectent pas la loi et les droits des personnes hospitalisées sous contrainte.
La CCDH se rendra donc devant les portes de l’hôpital le samedi 23 juin afin de dénoncer haut et fort ces dérives ainsi que les drames survenus dans cet établissement psychiatrique.
La CCDH est une association spécialisée dans la protection des droits de l’Homme dans le domaine de la santé mentale. Elle reçoit chaque semaine des dizaines de témoignages de famille et de victimes abusées. Depuis plus de 40 ans, elle dénonce les pratiques inhumaines et dégradantes de la psychiatrie et les effets dévastateurs des psychotropes et œuvre pour le respect des droits et de la dignité des patients.
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