Le IX congrès de psychiatrie biologique, congrès de la honte
Après les psychiatres Joseph Biederman et Thomas Spencer, c’est au tour du psychiatre allemand Hans-Jürgen Möller d’intervenir au 9e congrès mondial de psychiatrie biologique. Ce congrès, véritable foire aux psychotropes, se transforme malheureusement en tribune pour des psychiatres hautement controversés et à l’éthique douteuse.
En Août 2008, le tribunal de Münich a jugé que le Professeur Möller avait violé ses obligations concernant le maintien du secret professionnel à l’égard du plaintif, Mr Eberhart. Le Professeur Möller avait rendu une expertise sur la santé mentale de ce monsieur simplement en récoltant l’avis de sa femme et en l’observant "en cachette" sur son lieu de travail, sans lui parler ni se présenter. Le Professeur Möller a affirmé plus tard que de toute façon, "quand je regarde dans vos yeux, je peux voir que vous êtes malade mentalement". Un exemple édifiant de l’absence de toute rigueur scientifique chez ce praticien.
Monsieur Eberhart avait du fuir en Suisse pour échapper à un internement forcé jusqu’à ce que la justice lui donne raison.
Ainsi, ce psychiatre est intervenu en tant qu’expert lors du congrès de psychiatrie biologique qui a lieu actuellement à Paris, sur le thème même qui lui vaut ses soucis judiciaires, à savoir l’élaboration des diagnostics à partir de l’observation clinique.
Cela jette de sérieux doutes sur le sérieux de ce congrès. Le cas de Monsieur Möller ayant été largement médiatisé, il est difficile de croire que les organisateurs n’étaient pas au courant. Ces derniers, avertis des faits par une requête de notre association, n’ont pas encore répondu.
Rappelons que d’autres psychiatres controversés ont parlé au cours de ce congrès qui s’achève le 2 juillet.
Joseph Biederman, chef du programme de recherche en psychopharmacologie pédiatrique à Boston aux Etats-Unis aurait touché, entre 2000 et 2007 , 1,1 million d’euros directement de laboratoires pharmaceutiques mais n’en aurait pas averti ses autorités universitaires, ce qui est contraire à la loi et à l’éthique professionnelle. Il se retrouve sous investigation par le Congrès américain et l’institut américain d’enquête pour la santé en raison des conflits d’intérêt qu’il a omis de signaler. On considère que la campagne de promotion qu’il a mené pour populariser le diagnostic de "bipolaire" pour les enfants a largement contribué à la forte augmentation du nombre d’enfants sous psychotropes, et plus particulièrement sous antipsychotiques, les plus puissants de ces "médicaments". 2,5 millions d’enfants américains prennent ce type de drogues psychiatriques. D’après des documents présentés à la Cour et récemment publiés, il semblerait que Biederman aurait promis au laboratoire Johnson et Johnson avant même de mener son étude que celle-ci allait prouver que leur drogue Risperidone était efficace sur les enfants en bas âge. Biederman a animé lundi à Paris une conférence ayant pour thème "le TDAH (hyperactivité) chez les adultes".
Le docteur Thomas Spencer, collègue de Biederman à Boston et Professeur associé à la célèbre Harvard Medical school aurait lui aussi "oublié" de déclarer 710 000 euros reçus de la part de laboratoires entre 2000 et 2007. A Paris cette semaine, il animé plusieurs séminaires, également sur "le TDAH chez les adultes".
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