Sophie, maltraitée et humiliée au service psychiatrique du CHS de Navarre !
Au début de l’année 2017, Sophie s’est renseignée sur les différentes prises en charge possibles et s’est rendue dans l’unité psychiatrique de Vernon. Avant son hospitalisation de quelques jours, elle s’était assurée de pouvoir recevoir des visites et de pouvoir conserver ses effets personnels (téléphone, ordinateur, vêtements, etc..). On lui avait répondu : « Vous allez entrer à l’hôpital Madame, pas en prison. »
Mais une fois arrivée, le cauchemar de Sophie commence. Tout d’abord, elle apprend qu’il n’y a plus de place à Vernon. À 22h, le psychiatre des urgences lui trouve finalement un lit mais dans le service de long séjour appelé « Charme pourpre ». Sophie y a d’ailleurs rencontré un homme interné depuis 17 ans !
Dès son arrivée dans le service, toutes ses affaires lui sont confisquées. Elle n’a même plus de téléphone pour contacter sa fille qui s’inquiétait de ne pas avoir de ses nouvelles.
Voici les mots de Sophie sur cette horrible soirée : « Je me suis effondrée. J’étais en larme, je ne comprenais pas. J’avais juré à ma fille qu’elle pourrait m’envoyer des messages à toute heure et je ne pouvais même pas lui dire que j’étais arrivée. J’ai expliqué ce que nous avions organisé à Vernon, ce que l’on m’avait dit et promis… Mais afin de me calmer, voici ce qu’une infirmière m’a dit : « T’es internée, t’es pas dans un hôtel ! Soit tu te clames tout de suite, soit on te colle à l’isolement. »
Visiblement, ce service « Charme pourpre » n’a de charme que son nom. Menacer ainsi un patient de le mettre en chambre d’isolement est totalement illégal. D’après le Code de la santé (CSP), le recours à la chambre d’isolement doit être strictement limité dans le temps et justifié systématiquement par une décision individuelle prise par le psychiatre. Cela ne doit jamais être utilisé pour un motif non médical à titre de sanction ou pour pallier un sous-effectif de personnel.
Le lendemain, Sophie voit un psychiatre pendant 2 minutes et se retrouve aussitôt avec un traitement de médicaments inconnus et ce, sans aucune explication. En revenant dans sa chambre, Sophie a la surprise de trouver sa chambre vide. Elle allait être à nouveau transférée.
Elle arrive alors au service « Fayard pourpre ». Elle récupère ses vêtements mais pas son téléphone. Elle le demande pour pouvoir contacter sa fille, et une fois de plus elle subi l’agressivité du personnel. Elle témoignage : « On m’a clairement envoyé bouler sur un ton plus que sec et on m’a demandé de revenir 1h plus tard. Quand je suis revenue j’ai été accueillie par un « vous voulez quoi encore ? ». Je rappelle que j’étais dans le service depuis 1h, ignorant tout de son fonctionnement. »
Après quoi, Sophie est restée deux jours seule dans sa chambre. Visiblement cela n’a pas inquiété le personnel qui ne s’est jamais soucié de prendre de ses nouvelles.
Lors d’un prochain rendez-vous avec le psychiatre, il lui prescrit deux médicaments. Dès le lendemain (un samedi matin) Sophie a un malaise vagal. Elle reste mal tout le week-end puisqu’aucun psychiatre n’est présent. Le lundi, elle revoit son psychiatre qui accepte d’enlever un des deux médicaments. Ce psychiatre la prévient de son absence le lendemain et lui dit de faire appel à un confrère si ça ne va pas mieux. Le lendemain, Sophie va toujours mal, elle attend toute la journée pour voir un psychiatre et personne ne vient la voir. Et en attendant, elle continue de prendre ce médicament qui la rend malade. Lors du dernier entretien avec son psychiatre, la veille de la fin de son hospitalisation, Sophie lui dit qu’elle va encore plus mal qu’à son arrivée et que son traitement ne lui convient. Malgré cela, son psychiatre ne l’aide pas et la fait sortir.
Durant son séjour, Sophie fut témoin de nombreux comportements inhumains qui l’ont bouleversés et qui sont, d’après elle, un non respect de la dignité des patients : « Il se trouve que certains patients ne sont pas autonomes et renversent leur repas, n’arrivent pas à tenir leur cuillère, ne peuvent s’asseoir seuls… Et le personnel reste planté là, se marre, râle avec des « elle en a encore foutu partout », « tu sais ce que c’est qu’une cuillère ? ». Et personne ne va les aider. »
L’expérience de Sophie n’est malheureusement pas une histoire isolée. Ces abus persisteront aussi longtemps que les hôpitaux psychiatriques profiteront de la faiblesse des patients pour les traiter comme des animaux. Une personne malade reste un être humain qui a le droit au respect et à la dignité.
La CCDH est une association spécialisée dans la protection des droits de l’Homme dans le domaine de la santé mentale. Elle reçoit chaque semaine des dizaines de témoignages de famille et de victimes abusées. Depuis plus de 40 ans, elle dénonce les pratiques inhumaines et dégradantes de la psychiatrie et œuvre pour le respect des droits et de la dignité des patients.
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