De l’enfermement à la liberté
Dans un livre intitulé « De l’enfermement à la liberté »*, l’auteur nous livre un témoignage très personnel et sincère sur son expérience de la psychiatrie : comment elle y est arrivée et comment elle a finalement pu en sortir.
Tout semblait réussir à Sonia. « A 27 ans, j’avais réussi professionnellement, un salaire conséquent, un poste à responsabilité, de quoi dépenser, faire la fête. J’avais des amis, une famille, j’étais en bonne santé ». Ce n’était qu’une apparence. Sonia avait appris et cru qu’il fallait se montrer en toutes circonstances « forte et insensible » et ne jamais montrer ses faiblesses, qu’il valait mieux les cacher y compris à soi-même et les nier. « Au fond de moi, je me sentais mal et je ne voulais pas le reconnaître ».
Alors un jour, elle craque, elle expérimente ce que certains appellent un burn-out ou une crise existentielle ou ce que les psychiatres étiqueront successivement comme « une bouffée délirante aigüe » puis comme « bipolarité ». Son comportement l’amène alors aux urgences psychiatriques puis à l’hôpital psychiatrique.
Avec le « traitement médicamenteux lourd » qui est alors administré « j’avais pris du poids, je tremblais et le regard de l’autre était très difficile à supporter. Avec ces médicaments, j’avais du mal à me concentrer, à réfléchir, j’étais comme anesthésiée … sentir qu’il n’y a plus d’idées qui passent et se sentir figée, j’en ai eu des larmes qui ont coulé ».
« Ma vie était rythmée également par les séances chez mon psychiatre qui me ramenait toujours à l’épisode délirant que j’avais eu. Au lieu de trouver de la compassion, un moment et un lieu d’écoute, je ressentais du jugement et plus de peurs en sortant de la consultation qu’en y entrant »
Quelque temps plus tard, après une rechute, Sonia retrouve l’hôpital psychiatrique pour un court séjour, puis les séances hebdomadaires avec son psychiatre et la prise de médicaments. « Avec lui, la visite était expédiée en 15 minutes montre en main, il n’y avait pas de place pour s’exprimer vraiment et ce psychiatre avait le don de vous ramener toujours à votre état, vous savez celui dans lequel il vous a connue à la clinique » (…)
« Je me souviens avoir été en colère envers lui (…) et lui avoir dit qu’au lieu de me mettre dans une case de bipolaire, il ferait mieux de chercher la cause ailleurs. Car visiblement il n’avait rien compris à ce qui m’arrivait. Il s’est servi plusieurs fois de ce coup de colère que j’avais eu pour dire que c’était un symptôme de la bipolarité, maladie qu’il disait m’avoir diagnostiquée (…) Il tentait de m’enfermer dans cette case alors que je ne me ressentais pas au fond de moi comme cela. Ce qui m’a sauvée, c’est cette force que j’ai eue de résister à ce qu’il me cloisonne dans une étiquette ».
« Je pense que si j’étais restée à ce seul avis, celui de mon psychiatre, je prendrais encore à l’heure actuelle des médicaments et continuerais encore ma thérapie ».
Heureusement, parallèlement, une psychologue a le bon sens, tout en valorisant les qualités et les réalisations de Sonia, de lui dire « Vous devez prendre les rênes de votre vie, vous devez être responsable de votre vie » et de lui conseiller de s’inscrire à des activités auxquelles elle prendra plaisir.
Sonia reprend confiance, elle découvre des médecines alternatives, multiplie les activités, artistiques notamment. Entourée de la bienveillance de sa famille et de ses amis, animée par sa force de caractère, elle remonte la pente et commence alors sa reconstruction, une nouvelle vie.
*« De l’enfermement à la liberté » par Sonia SUAU aux éditions BoD