Témoignage d’une mère à la CCDH
Avant de rencontrer la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme, CCDH, j’étais désespérée ainsi que tous les membres de ma famille.
Nous étions désespérés de voir l’état dans lequel se trouvait notre proche. Son état s’est aggravé à cause des traitements aussi bien physiques, psychologiques, que médicamenteux ; ceux-ci étant inadaptés à sa situation et ne faisant qu’aggraver les choses sans rien apporter de positif.
Mon fils avait un problème de dépendance alcool/drogue, il venait de se faire agresser violemment.
A la place de soins adaptés à cette pathologie particulière et au traumatisme de l’agression, il a reçu des médicaments psychiatriques de toutes sortes dont certains pour « schizophrénie et paranoïa ».
Non seulement ceux-ci ne l’ont pas aidé, mais ils ont empiré son état, et plus encore, ont provoqué l’état de schizophrénie et de paranoïa. Sa dépendance aux produits stupéfiants d’une part puis aux médicaments psychiatriques prescrits d’autre part, a augmenté et son comportement s’est dégradé.
Ses relations familiales, amicales et sociales se sont grandement détériorées. Nous le voyions se détruire.
Les traitements n’étaient pas les seules choses à avoir des répercussions sur son état. Les périodes d’isolement, ont aussi fait des dégâts considérables sur son être.
Il serait facile de se contenter de parler du physique, il était épuisé et inerte ou bien même de l’émotionnel, parfois éteint ou au contraire complètement surexcité. Le fait est que tout était touché : l’âme, le caractère, la personnalité, l’éthique, les valeurs, la conscience, les ambitions de vie, la vie sociale, etc. Et tout ce qui fait de lui un être humain.
En plus de cela, le personnel hospitalier lui répétait sans cesse qu’il serait malade à vie. Cette façon de procéder l’a poussé à ne plus avoir d’espoir de vivre autrement, ne pouvant même plus entrevoir un rayon de lumière.
Ceci se rajoutant aux mensonges et maltraitances, vécus, vus, ou entendus par mon fils lors des hospitalisations.
J’ai vu son état se dégrader, et ce dès la première hospitalisation. J’ai été horrifiée de voir dans quel état il se trouvait après son hospitalisation. Les membres de notre famille et les amis ont observé également une dégradation de son état.
J’accompagne, impuissante, mon fils depuis treize ans, date de sa première hospitalisation en milieu psychiatrique.
Je me suis trouvée dans cette situation, jusqu’à ce que je m’adresse à la CCDH et que le contact soit créé en août ou septembre 2020.
Vous m’avez écouté, conseillé. Je me suis sentie comprise pour la première fois ! Vous m’avez montré comment procéder pour le sortir de là, me confortant et partageant mes réflexions et déductions.…
Et enfin, et le plus important : vous m’avez soutenu dans mes démarches et mes pensées ! Vous m’avez redonné de l’espoir !
L’espoir qu’une vie allant vers un rétablissement était possible pour mon fils.
Aussi plus que tout : mon fils lui aussi a vu un espoir s’entrouvrir.
Nous avons enfin trouvé du soutien et rien que cela est inestimable : pouvoir parler, écrire un courriel, un texto dès que j’en ressentais le besoin, dès que se présentaient une situation, un contexte…
Vous avez prononcé des mots, proposé des actions concrètes et juridiques en adéquation avec les Droits de l’Homme, du citoyen et au droit international.
Bien des fois épuisée et désespérée, j’ai failli arrêter de me battre pour que mon fils aille mieux mais grâce à l’aide que vous m’avez apportée patiemment et de façon concise en me réconfortant et m’encourageant, j’ai retrouvé la force, l’envie et le courage de continuer.
De cette façon j’ai pu entrevoir un autre chemin et d’autres possibilités pour mon fils.
Petit à petit lui aussi a senti et compris qu’il pouvait envisager une autre vie que celle prédite et imposée par les services psychiatriques.
Mon fils a repris sa vie en main. Et aujourd’hui, à l’aide du soutien qu’il a eu de la part de la CCDH et du médecin externe qu’il a consulté, il a arrêté la consommation de produits toxiques, lui permettant de recommencer à interagir avec son entourage et sa famille.
Il participe à la vie quotidienne, comme le jardinage, la cuisine, le bricolage… Ce sont des réels progrès lorsqu’on sait qu’auparavant, il y a à peine quelques mois, il ne faisait rien. L’aide qu’il apporte le rend heureux et lui apporte de l’estime de soi, détruite auparavant par son vécu avec la psychiatrie.
Mais plus que cela : il prend en main lui-même son changement, bien que je sois présente, ainsi que sa famille, ses amis le soutenant et l’épaulant… La décision lui revient à lui et à lui seul.
L’aide et le soutien que j’ai reçus de la CCDH sont énormes. L’aide qu’a obtenue mon fils est sans pareil ! Et le fait qu’il ait trouvé la force nécessaire pour faire cela de lui-même, prouve bien qu’il a retrouvé sa volonté de vivre pour lui et de ne plus se laisser être ce qu’il n’est pas : un patient à vie en psychiatrie. A la place de cela : il est une personne, vivant sa vie, cherchant son travail, et s’occupant lui-même de sa santé, prenant ses propres décisions !
Pour tout ce chemin parcouru, il éprouve de la reconnaissance pour l‘aide et le soutien apportés par la CCDH, et nous confie régulièrement qu’il est content et heureux de là où il en est aujourd’hui, même s’il reste encore du chemin à parcourir. Il fait preuve de détermination, de patience et a confiance dans le futur.
La CCDH a non seulement été présente sans arrêt, répondant à la moindre demande de conseil, à la moindre sollicitation de notre part, à la moindre question sur la situation, au moindre doute sur la démarche juridique ; mais a également trouvé des solutions lorsque nous n’arrivions pas à en trouver par nos propres moyens. Pour exemple : mon fils avait besoin d’un avocat pour pouvoir défendre ses droits mais le dossier étant trop lourd, trop épineux, les avocats contactés ont refusé de prendre en charge son dossier… Et après avoir demandé conseil à la CCDH sur ce point précis, la CCDH a trouvé elle-même un avocat pour soutenir mon fils. De ce fait les démarches juridiques sont en cours d’étude, entamant donc un peu plus sa sortie du monde hospitalier psychiatrique, et par extension son complet rétablissement…
La CCDH est d’un grand soutien lorsqu’on tourne en rond avec nos pensées, nos doutes et nos actions. Elle est une voix externe avec un point de vue stable et compétent sur la situation. Et cela fait du bien d’avoir quelqu’un qui peut synthétiser nos pensées pour aller droit au but sans se perdre dans la peur et l’indécision, tout en gardant la tête sur les épaules. Le tout pour arriver au résultat escompté : un homme libre de l’emprise psychiatrique hospitalière et fin prêt à vivre sainement sa propre vie.
Et pour toute l’aide, toute l’écoute, toute la présence, tous les conseils, tout le soutien, toute la compréhension : Mille mercis !
Nous souhaitons mon fils et moi que d’autres familles puissent trouver de l’espoir, de la quiétude, sachant que leurs proches qui ont vécu ou qui vivent des abus psychiatriques seront considérés avec respect et dignité et qu’ils puissent entrevoir un ciel bleu de liberté, choisir leurs thérapies s’ils le souhaitent, enfin se libérer du joug de la psychiatrie.
De savoir que la CCDH est internationale me remplit d’espérance en un monde où l’horreur sera remplacée par la vie.
Ecrit et validé en collectif, la famille et le patient lui-même.