Je ne pensais jamais vivre ça dans ma vie
Le 23 janvier 2022, la police m’arrête chez moi, m’emmène au commissariat. Un médecin vient alors me rendre visite au poste et annonce que ma place n’est pas dans une cellule. Une ambulance m’emmène à l’hôpital. Je pense alors que mon calvaire est fini. Or, c’est là que tout commence.
Ils me donnent un médicament pour me calmer, je me suis alors endormi. A mon réveil, je me retrouve isolé dans une chambre fermée à clefs à l’hôpital psychiatrique.
Sans mon consentement et sans aucun respect de la procédure légale quant à l’enfermement en psychiatrie, je me suis vu enfermer là-bas sans que personne ne le sache. Je n’ai aucun antécédent psychiatrique, j’ai un travail, une famille, 3 filles qui m’aiment. Malheureusement, le pire est à venir pour moi.
Pendant 6 jours, je suis enfermé dans cette chambre d’isolement. Quand on décide de me relâcher au bout de 6 jours enfin, je suis sédaté et ne pense qu’à mes filles et à mon foyer.
Mais, sédaté à cause des différents médicaments qu’on m’oblige à prendre, j’ouvre par erreur une porte que je ne devais pas ouvrir, les infirmiers me saisissent à la manière des forces de l’ordre et m’attachent sur un lit dans la chambre.
Je ne pensais jamais vivre ça dans ma vie. Pendant 5 jours, je suis sous contention attaché de la tête aux pieds sans que je ne puisse ni me retourner, ni même me gratter. Je me défèque et m’urine dessus sans que personne ne s’en soucie. Je patauge dans mes propres selles tel un animal. On porte atteinte à ma dignité, à l’intégrité morale et physique à laquelle prétend un être humain.
On me force là encore à prendre des médicaments psychotropes, alors que tout ce qu’il me faut c’est ma liberté de circuler comme je le souhaite. Je veux également voir mes filles qui me manquent tant.
Je n’ai clairement pas ma place dans cet établissement, entouré de personnes dangereuses, handicapées mentalement et qui menacent de me tuer.
A ma sortie de cet établissement psychiatrique, au bout de 25 jours, je me dépêche de retrouver mon foyer. J’ai pour obligation de voir une psychiatre, celle-ci me suivra durant 8 mois. Mais tout ce qu’elle fait c’est de me prescrire des médicaments qui me sédatent davantage et des arrêts de travail. Elle ne m’écoute pas et les rendez-vous sont expéditifs. Ce que j’attends de sa part, c’est surtout de l’écoute par rapport à ce que j’ai vécu en psychiatrie, par rapport à ce que j’ai vécu comme injustice de la part des policiers, par rapport au fait qu’on m’empêche de voir mes filles, etc…
Mes filles m’ont cru mort pendant ces 25 jours passés en psychiatrie, et aujourd’hui encore elles en ressentent les séquelles.
Je faisais confiance à la médecine française, j’ai suivi un traitement en me disant pourquoi pas, or je ne comprends pas comment il est possible que l’on puisse « des-insérer » quelqu’un socialement aussi facilement, aussi rapidement et sur aucune base solide.
Aujourd’hui, je me vois fragilisé à tous les niveaux, aussi bien financièrement et socialement qu’au niveau santé physique et morale. C’est totalement irresponsable de la part des personnes ayant ce pouvoir médical, à savoir les psychiatres, qui m’ont fait vivre ce calvaire.