Scandale au CHU de Toulouse : les droits des patients psychiatriques bafoués
Le 16 janvier 2024, une partie du personnel soignant de l’hôpital psychiatrique Purpan (CHU de Toulouse) s’est mis en grève pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail. Selon une soignante citée dans un article paru dans la Dépêche, « (…) Le résultat est que les patients stagnent aux urgences et sont accueillis dans des conditions indignes. Nous sommes également contraints d’utiliser des chambres d’isolement pour de l’hospitalisation classique. Pour pallier ce manque, nous sommes forcés d’avoir davantage recours à la contention qu’il ne le faudrait ».
Cette déclaration est d’autant plus inquiétante que les registres de contention et d’isolement du CHU de Toulouse pour les années 2020 et 2021 que la CCDH vient d’étudier montrent que cet établissement pratique déjà largement l’isolement et à la contention.
Ainsi en 2021, avec 2784 mesures d’isolement, près de 40 % des patients hospitalisés en soins sans consentement ont fait l’objet d’au moins une mesure d’isolement. Un patient aurait cumulé, selon ces registres, 137 jours d’isolement, un autre aurait été isolé pendant 116 jours, un autre encore se serait vu imposer 105 jours d’isolement dont 85 avec contention, etc.
Sans nier ni minimiser les difficultés rencontrées par les personnels soignants, l’idée que les droits et la dignité des patients psychiatriques puissent dépendre d’un « manque de moyen » de l’administration est particulièrement choquante et inacceptable.
Il est prouvé qu’avec des moyens financiers similaires, certains hôpitaux psychiatriques réussissent à limiter fortement le recours aux mesures de privation de liberté pour leurs patients, là où d’autres continuent d’en abuser largement. Voir à ce propos notre article du 21 avril 2022 « La maltraitance en psychiatrie n’est pas une fatalité », publié sur notre site www.ccdh.fr à l’occasion de la visite du Contrôleur des lieux de privation de liberté (CGLPL) au CH de Chinon.