Hôpital psychiatrique ou prison ? Le mélange des genres
Les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 devraient être l’occasion de promouvoir un certain nombre de valeurs essentielles : les valeurs du sport olympique que sont l’excellence, le respect et l’amitié et les valeurs défendues par le Mouvement Paralympique Français.
D’après la Charte des valeurs et d’éthique du Mouvement Paralympique Français, ces valeurs sont l’universalité, l’égalité, l’unité et l’équité. Le paragraphe de cette Charte concernant l’égalité précise : « Le Mouvement paralympique est convaincu que les différences ne sauraient servir de prétexte à l’exclusion, au nom de notre commune humanité. Il est particulièrement attentif à ce qu’aucun comportement individuel ou collectif ne porte atteinte à l’intégrité des personnes en situation de handicap, y compris en son sein. Il refuse également toute discrimination quelles qu’elles soient ».
Un courrier envoyé le 21 juin 2024 par Mme Dominique Simonnot, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) au ministre de l’Intérieur M. Gérald Darmanin nous rappelle que le respect des droits de l’Homme, et notamment ceux des patients psychiatriques, n’est jamais acquis et doit faire l’objet d’une vigilance constante.
Elle y dénonce, exemples à l’appui, des instructions données par plusieurs préfectures à des établissements de santé mentale visant à limiter, à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques, les autorisations de sortie de patients hospitalisés sans leur consentement.
Elle y souligne le « paradoxe stupéfiant » qui consiste à « stigmatiser et sur-enfermer un ensemble de patients atteints de handicaps psychosociaux, aux antipodes des valeurs affichées par les Jeux olympiques et paralympiques, présentés comme l’occasion d’une fête populaire et inclusive ».
« Les contraintes de sécurité dans le contexte des festivités entourant l’organisation des jeux olympiques et paralympiques de Paris ne sauraient justifier que soient portées des atteintes systématiques et indifférenciées aux droits fondamentaux des patients hospitalisés sans leur consentement, pas plus qu’à ceux de toute autre catégorie de personnes privées de liberté ».
Rappelons ici que la vocation initiale de la psychiatrie (étymologiquement « médecine de l’âme ») est de soigner et en principe de guérir les troubles mentaux. Une série impressionnante de dérives en a fait une institution ayant le pouvoir quasi absolu de contraindre et d’enfermer, sans procès, des personnes en difficulté ou en situation de handicap.
A chaque fait divers dramatique impliquant des patients ou ex-patients psychiatriques, le débat est relancé. Les pressions médiatiques et politiques se font alors toujours plus pressantes pour que la psychiatrie joue un rôle qu’elle ne devrait absolument pas avoir le droit d’accepter, celui de palier aux défaillances du système judiciaire et carcéral, voire de le remplacer en toute illégalité.