10 OCTOBRE 2023 – JOURNÉE MONDIALE DE LA SANTÉ MENTALE
Le 10 octobre 2023, nous célébrons la journée mondiale de la santé mentale.
La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme rappelle qu’il est nécessaire de réformer le système de santé mentale pour assurer le respect des droits de l’homme et de la dignité. Cette réforme doit s’axer sur les recommandations de l’ONU.
« 1.Toute personne a droit aux meilleurs soins de santé mentale disponibles, dans le cadre du système de santé et de protection sociale. »
« 2. Toute personne atteinte de maladie mentale ou soignée comme telle doit être traitée avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. »
46/119. Protection des personnes atteintes de maladie mentale et amélioration des soins de santé mentale, 75 séance plénière, 17décembre 1991, AG (Nations Unies)
Citons les propos des plus hautes instances internationales comme le Comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies :
Conseil des droits de l’homme, 35ème session juin 2017 – Rapport du Rapporteur spécial sur le droit qu’à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible – (Nations Unies)
« L’histoire de la psychiatrie et des soins de santé mentale est entachée de graves violations des droits de l’homme, comme la lobotomie, pratiquée au nom de la médecine. »
« Pendant des décennies, les services de santé mentale ont été régis par un modèle biomédical réducteur qui a fait que des personnes présentant des déficiences intellectuelles, cognitives et psychosociales, des personnes autistes et des personnes qui ne se conformaient pas aux normes culturelles, sociales et politiques en vigueur étaient victimes d’exclusion, de négligence, de coercition et de violence. »
« Grâce à une base de recherche qui ne cesse de s’enrichir, on dispose d’éléments de preuve indiquant que le statu quo, fait d’interventions biomédicales, notamment par le biais de médicaments psychotropes et de mesures non consenties, n’est plus défendable dans le cadre de l’amélioration de la santé mentale. »
« La mobilisation de la société civile, en particulier des mouvements d’utilisateurs et des anciens utilisateurs de services de santé mentale, et des organisations de personnes handicapées, qui ont appelé l’attention sur l’incapacité des services de santé mentale classiques à répondre à leurs besoins et à garantir leurs droits, a eu une grande importance et a abouti à une remise en question des facteurs à l’origine des violations des droits de l’homme, à la conception d’autres traitements et à l’élaboration d’un nouveau discours sur la santé mentale. »
« On constate également une nette préférence pour les traitements de première intention avec des médicaments psychotropes, en dépit de l’accumulation d’éléments prouvant qu’ils ne sont pas aussi efficaces qu’on le pensait auparavant, qu’ils ont des effets secondaires néfastes et que, dans le cas des antidépresseurs, en particuliers pour les dépressions légères et modérées, les bienfaits ressentis peuvent être attribués à un effet placebo10. (Voir Irving Kirsch, « Antidepressants and the placebo effect », Zeitschrift für Psychologie, vol. 222, no 3 (février 2015) et David Healy, « Did regulators fail over selective serotonin reuptake inhibitors? », BMJ, vol. 333 (juillet 2006)).
Malgré ces risques, les médicaments psychotropes sont de plus en plus utilisés dans les pays à revenu faible, moyen et élevé dans le monde11(Voir Ross White, « The globalisation of mental illness », The Psychologist, vol. 26 (mars 2013)). On nous a fait croire que les médicaments et autres interventions biomédicales constituaient la meilleure solution aux problèmes de santé mentale. »
« Les idées reçues fondées sur une interprétation biomédicale réductrice de questions complexes en matière de santé mentale dominent les politiques et services de santé mentale, même lorsqu’elles ne sont pas étayées par la recherche. Les personnes souffrant de handicaps psychosociaux continuent d’être injustement considérées comme dangereuses, bien que tout indique qu’elles sont en général victimes plutôt qu’auteurs d’actes de violence. »
« L’utilisation des preuves scientifiques à l’appui des interventions de santé mentale a toujours posé un problème. Cette situation perdure, alors que les preuves scientifiques censées prouver l’efficacité de certains médicaments psychotropes et autres interventions psychiatriques biomédicales sont de plus en plus contestées du point de vue tant scientifique qu’expérimental » (Voir Peter Tyrer et Tim Kendall, « The spurious advance of antipsychotic drug therapy », The Lancet, vol., no 9657 (janvier 2009) ; Lex Wunderink et al. « Recovery in remitted first-episode psychosis at 7 years of follow-up of an early dose reduction/discontinuation or maintenance treatment strategy », JAMA Psychiatry, vol. 70, no 9 (2013) ; Joanna Le Noury et al. « Restoring Study 329 : efficacy and harms of paroxetine and imipramine in treatment of major depression in adolescence », BMJ, vol. 351 (septembre 2015) ; et Andrea Cipriani et al. « Comparative efficacy and tolerability of antidepressants for major depressive disorder in children and adolescents : a network meta-analysis », The Lancet, vol. 388, no 10047 (août 2016)).
« Étant donné que le droit à la santé garantit la protection contre la discrimination et les traitements et internements forcés, il faut également comprendre qu’il garantit le droit à un traitement et à l’intégration au sein de la communauté. Le non-respect de ce droit et d’autres libertés est l’un des principaux facteurs de contrainte et d’internement. »
« Les diagnostics de santé mentale ont été utilisés à mauvais escient pour désigner comme pathologiques certains traits identitaires ou certaines caractéristiques de la diversité, et cela s’est notamment traduit par une tendance à médicaliser la misère humaine. La pathologisation des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) réduit leur identité à une maladie, ce qui aggrave la stigmatisation et la discrimination dont elles sont victimes. »
« Le consentement éclairé est un élément essentiel du droit à la santé ; il s’agit autant d’une liberté que d’une garantie propre à l’exercice de ce droit (voir A/64/272). Du droit de consentir à un traitement et à une hospitalisation découle celui de refuser un tel traitement (voir E/CN.4/2006/120, par. 82). En raison de la prolifération des lois paternalistes sur la santé mentale et de l’absence de solutions de remplacement, la contrainte médicale est une pratique courante. »
« On ne peut plus considérer, aujourd’hui, que les approches biomédicales reposant sur des thérapies réductrices qui ne tiennent pas suffisamment compte du contexte et des relations sont conformes au droit à la santé. La prévalence du volet médical, même si celui-ci reste important, est devenue contre-productive, en ce qu’elle dépossède les titulaires de droits de leur libre arbitre et renforce les préjugés ainsi que l’exclusion. »
« Les États et les autres parties intéressées, notamment les acteurs des milieux universitaires, doivent revoir les priorités de la recherche en santé mentale pour que soient menés des travaux de recherche indépendants, participatifs et de qualité dans le domaine des sciences sociales et que soient créées des plateformes répondant aux mêmes critères, qui permettent d’envisager des modèles de services non coercitifs ; »
« Les États doivent collaborer avec les milieux universitaires pour combler le fossé des connaissances qui existe dans les cursus médicaux en matière de santé mentale fondée sur les droits et les données probantes. »
« Les États doivent collaborer avec les milieux universitaires pour combler le fossé des connaissances qui existe dans les cursus médicaux en matière de santé mentale fondée sur les droits et les données probantes. »