Les conséquences psychologiques du confinement
Pas un jour ne se passe sans qu’un psychiatre n’intervienne dans les médias sur les conséquences psychologiques du confinement qui nous est imposé.
Impossible d’y échapper.
Ainsi le Dr Navarre, psychiatre au CH du Rouvray à Sotteville- les-Rouen, nous rappelle dans un article publié le 25 mars 2020 dans le journal « 20 minutes » ce que chacun sait déjà : « le confinement n’est pas anodin au niveau psychologique (…), certains vont ressentir une impression de vide », et évoque « l’angoisse du confinement ».
Autre exemple, le Dr Bocher, chef de service au CH de Nantes, qui affirme sans rire à FR3 Pays de la Loire le 30 mars « Coronavirus : le confinement va à l’opposé des principes de soin dans les hôpitaux psychiatriques (…) On ne connaît pas les conséquences du confinement sur des personnes sujettes aux angoisses » « Les psychotropes risquent d’entraîner des difficultés respiratoires », alerte le Dr Rachel B. « Du pain béni pour le covid-19 » ajoute l’article.
Il est utile de rappeler à ce point que le « confinement » lorsqu’il est imposé par des centaines de psychiatres à des milliers de patients fragiles et vulnérables dans des dizaines d’hôpitaux psychiatriques devient alors « isolement thérapeutique ». Il s’agit d’une pratique quotidienne et routinière dans l’immense majorité des établissements psychiatriques, comme l’attestent les registres de ces hôpitaux que nous avons obtenus en application de la loi permettant l’accès aux documents administratifs.
Ce confinement extrême, cet isolement total devenu miraculeusement « thérapeutique », peut durer des semaines et même des mois, il est bien pire que celui, très relatif, que nous connaissons et il est aggravé par la prise systématique et imposée de psychotropes dont le Dr B. rappelle un des effets secondaires, les risques respiratoires.
Il est intéressant de noter que le CH du Rouvray en Seine Maritime où le Dr Navarre exerce, vient d’être très sévèrement pointé par la Contrôleure Générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) dont voici un extrait du rapport :
« Le centre hospitalier du Rouvray (CHR), sis à Sotteville-lès-Rouen dans la métropole Rouen-Normandie, a été visité du 7 au 18 octobre 2019. Le CGLPL y a constaté des conditions de prise en charge indignes et des dysfonctionnements institutionnels graves, susceptibles de constituer un traitement inhumain et dégradant au sens de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. Les constats les plus alarmants, objets des présentes recommandations en urgence, portent sur la liberté d’aller et venir, les conditions d’hébergement, les pratiques d’isolement, l’information des patients en soins sans consentement, la prise en charge matérielle et sanitaire de certains des enfants hospitalisés. »
Quant au CH de Nantes où le Dr Bocher exerce en tant que chef de service, la direction a catégoriquement refusé de nous transmettre ses registres de contention et d’isolement, défiant ainsi l’avis de la Commission d’accès aux documents administratifs, ce qui n’est pas très bon signe au niveau de la transparence. La CCDH a bien sûr saisi le tribunal administratif et attend sa décision avec grand intérêt.
Que signifient donc ces contradictions entre, d’un côté, les doctes déclarations faites à la presse sur les risques et effets néfastes du confinement et de l’autre, des pratiques imposant quotidiennement des privations de liberté très strictes à des patients fragiles et vulnérables ?
Cynisme ? Dédoublement de personnalité ?
Quand les actes et les paroles se contredisent, que faut-il croire ?
La CCDH va intensifier ses actions pour mettre à jour les abus commis quotidiennement dans les établissements psychiatriques en matière de contention et d’isolement, et mettre fin aux autres abus tels que le recours massif et systématique à des psychotropes dangereux et la pratique destructrice des électrochocs. Nous ne demandons rien d’autre que le respect de la loi et de la dignité des patients, pour que les droits de l’homme deviennent une réalité en psychiatrie.
Contact : 01 40 01 09 70 / info@ccdh.fr