Témoignage d’un éducateur spécialisé travaillant à l’Aide sociale à l’enfance
» Tout d’abord, je suis éducateur spécialisé, diplômé en 2016. Depuis, j’ai pu travailler dans plusieurs types de structures (MECS, IME, Structure pour adolescent obèses, foyer occupationnel…).
La prescription de médicaments dans le cadre de la psychiatrie est un domaine que je maîtrise peu. Toutefois, j’ai pu observer certaines situations où cela a pu me poser questions, notamment dans des Institut Médico Psychologique, en tant qu’éducateur spécialisé, mais également dans le domaine de la protection de l’enfance.
J’ai pu y rencontrer plusieurs adolescents présentant plusieurs troubles différents, mais tous prenant des médicaments visant à atténuer ses troubles. Ce qui a pu m’interpeler, c’est d’abord leurs effets parfois très forts. Il me vient le cas d’un jeune homme qui s’endormait instantané 1 heure après pris son comprimé ; l’empêchant ainsi de participer à la vie du groupe ou encore à certaines activités. Le soir, le travail éducatif était alors impossible.
Ce qui m’interroge le plus dans ce domaine n’est pas tant le fait de prescrire des médicaments ayant parfois des effets assez lourds (car cela peut être nécessaire suivant chaque cas). Ce qui me pose questions est la manière dont les traitements sont mis en place. J’ai pu voir à plusieurs reprises, et ce dans différentes structures, des prescriptions de médicaments dès la première rencontre avec le psychiatre. De plus, les rendez-vous avec ce dernier sont parfois écartés de plusieurs mois, sans avoir revu la personne entre temps. Comment alors le psychiatre peut-il évaluer l’efficacité ou non du traitement donné ? D’autant plus que l’avis des éducateurs présent au quotidien avec la personne ne compte que peu. Même l’avis du médecin traitant n’est parfois pas pris en compte.
Ma réflexion se base ainsi principalement sur la méthode et la mise en place des traitements. Un réel travail pluriprofessionnel entre le psychiatre et les professionnels de la structure d’hébergement me paraît essentiel pour pouvoir évaluer convenablement et dans sa globalité le traitement prescrit. Une telle prise en compte des effets du traitement et des réactions de la personne à celui-ci permettrait une évaluation plus complète tout en tenant en compte l’environnement de vie de la personne.
De plus, il me semble primordial d’évaluer les difficultés et de s’entretenir avec le psychiatre à plusieurs reprises avant même la prescription d’un traitement ; ce qui n’est que rarement le cas. Il me paraît difficile de pouvoir évaluer quel traitement sera le plus adapté à la personne suite à un unique rendez-vous qui ne dure souvent pas plus d’une demie heure.
Je pense ainsi qu’une réflexion doit se mettre en place dans ce domaine afin de tendre vers une prise en compte globale, plus précise et donc plus adaptée de la situation de la personne. Dans le cas de l’éducation spécialisée – auquel j’appartient – l’avis des membres de l’équipe éducative me semble également important (d’autant plus que beaucoup d’entre eux ont pu suivre des formations liées à la psychiatrie). »