ABUS PSYCHIATRIQUES : SONNEZ LA CHARGE !

Le récit qui vient d’être publié aux éditions La Découverte et intitulé « Charge. J’ouvre le huis
clos psychiatrique » n’est pas un témoignage comme les autres sur l’univers impitoyable de
la psychiatrie. C’est un cri de douleur, un cri de révolte particulièrement percutant et
efficace contre un système qui permet et qui même favorise l’arbitraire et tous les abus de
pouvoir.

L’auteure y décrit sans concession quelques-unes des horreurs rencontrées et vécues
pendant ses années de « psychiatrisée ». « J’ai passé dix ans au pays psychiatrique, ma
vingtaine. Années pendant lesquelles j’ai le corps bourré de chimie, la tête écrasée dans
l’emprise des discours des psychiatres, une peur XXL verrouillée dans le ventre … D’un côté,
les psychiatrisés, de l’autre, ceux qui possèdent le droit de dominer. Un espace dans lequel
l’abus de pouvoir bat son plein».

Ce livre est impossible à résumer, voici cependant quelques-uns des thèmes abordés :

– Les diagnostics (erreurs et contradictions).

« La plaque. L’étiquette. Le diagnostic,
c’est le paradoxe qui fait très mal au pays psychiatrique. Les diagnostics sont des
coups de perceuse dans nos cervelles. J’en ai reçu plusieurs. C’est souvent comme ça.
J’ai rencontré des gens qui avaient des cicatrices sur le crâne de ces coups-là (…) Ces
mots font mal, ils trouent quelque chose, ils laissent des séquelles. Ils viennent de
l’autre camp, ils sont décidés de l’autre côté du grand bureau … »

– Jeux de pouvoir, rapports de force et de domination, culpabilisation, humiliations,
peur et menaces.

« J’ai peur des représailles chimiques s’il [le psychiatre] rapporte de
l’agressivité de ma part. (…) En pays psychiatrique donner l’apparence de la
soumission est un argument très solide ». (Page 10) « Lorsque les psychiatres ne
comprennent pas nos choix ils en font des trucs pathologiques » (…) « Je vis dans la
hantise des représailles médicales ». Sur les rapports de domination et les
humiliations, lire absolument, pages 79 à 81, le récit de l’entretien avec un expert
psychiatre.

– Cocktails médicamenteux abrutissants.

« Cela fait 6 ans en continu que le cocktail se
compose d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et d’antipsychotiques répartis sur 2 ou 3
prises journalières. Au total une dizaine de cachets auxquels viennent s’ajouter les « si
besoin » (…) « trop de docteurs, trop de molécules » Voir à ce propos un exemple
d’ordonnance page 28. « Le cocktail m’assomme, quand j’avale ça, il faut aller au lit
car une vingtaine de minutes plus tard je m’effondre et je signe pour des heures de
sommeil » (…) « Où sont les bénéfices ? Je ne les trouve pas ». (…) « Quand est-ce

qu’on baisse le traitement ? Quand j’y réfléchis je me cogne de partout dans ma
propre tête, c’est si douloureux … ».

– Menaces d’électrochocs (sismothérapie) en cas de « résistance aux traitements
médicamenteux » ou de refus de prendre les médicaments. « J’ai supplié, pendant
plusieurs phrases j’ai supplié …Ce jour-là elle [la psychiatre] m’a terrorisée. Je n’ai
presque plus jamais oublié mes médicaments et il m’a fallu attendre huit années pour
oser remettre en question frontalement une ordonnance auprès d’un psychiatre. Je
venais d’éviter ce qu’ils appellent, entre eux, une sismothérapie. C’est ce jour-là que
j’ai compris qu’il y avait des camps : des personnes à qui on pouvait administrer de
l’électricité dans la tête, et d’autres qui étaient en charge de décider de les
administrer ».

– Retour de séance d’électrochocs.

Une jeune adolescente d’une quinzaine d’années
sort sur un brancard d’une séance d’électrochocs : « son visage tourné sur le côté qui
bave un peu, ses yeux vidés. Les corps qui reviennent de sismothérapie sont les porte-
manteaux les plus chargés du service ». Une autre patiente âgée : « elle vient d’un
Ehpad et elle est en cure de sismo pour 6 jours seulement. C’est une habituée, on lui
fait ça 2 ou 3 fois par an ».

Mais la charge finale contre les abus psychiatriques se trouve dans le dernier chapitre !

Vous n’en regretterez pas la lecture …

« Charge. J’ouvre le huis clos psychiatrique » paru aux éditions La Découverte. Février 2023.
Auteure : Treize