Nouvelle étude sur l’efficacité des directives anticipées psychiatriques
L’équipe du service hospitalo-universitaire de santé mentale adulte du Pr Christophe LANÇON vient de publier dans le JAMA Psychiatry les résultats d’une étude lancée en 2019 sur l’efficacité des directives anticipées psychiatriques.
Selon la Haute Autorité de Santé :
« Les directives anticipées permettent de faire connaître au médecin votre volonté et de la faire respecter si un jour vous n’êtes plus en mesure de l’exprimer, par exemple dans les situations suivantes :
- vous êtes en bonne santé et vous pouvez avoir un accident ou un évènement aigu, (infarctus, accident vasculaire cérébral, traumatisme…), qui évolue vers une incapacité majeure de communication qui se prolonge (état végétatif par exemple) ;
- vous avez une maladie grave et une aggravation survient qui vous rend incapable de vous exprimer ;
- vous êtes à la fin de votre vie (grand âge avec de nombreuses maladies, maladie au stade terminal) et un évènement aigu survient, aggravant durablement une situation précaire ou qui pourrait entrainer la mort.
Vos directives anticipées expriment vos volontés concernant la poursuite, la limitation, l’arrêt ou le refus de traitements et de gestes médicaux destinés à vous traiter ou à faire un diagnostic avant traitement.
Elles peuvent être l’occasion et le fruit d’un dialogue que vous aurez pu créer avec vos proches.
Elles pourront les soulager en leur épargnant la difficulté et parfois le sentiment de culpabilité de participer à des décisions dont ils n’ont pas à assumer la responsabilité. Elles peuvent être l’occasion de désigner votre personne de confiance. »
A l’heure actuelle, les directives anticipées sont utilisées en faveur des malades et des personnes en fin de vie.
Mais pourquoi ne pas utiliser un telle protection lorsqu’une personne se trouve en psychiatrie, dans l’incapacité de s’exprimer ou de prendre des décisions pour elle-même ?
Selon le Dr Aurélie TINLAND, psychiatre à l’initiative de l’étude :
« C’est en fait une tendance globale ces dernières années, poussée par une revendication forte de l’ensemble des associations de patients, de véritablement considérer la personne comme partie prenante des soins qui la concernent. Ce qui nous intéressait surtout pour ce travail de recherche était de déterminer comment maintenir ce niveau de participation dans les moments de détresse.
Plusieurs travaux à l’international avaient déjà démontré l’intérêt des directives anticipées psychiatriques, mais nous sommes les premiers dans le monde à avoir expérimenté ce dispositif avec l’aide de médiateurs de santé-pairs (c’est-à-dire des personnes qui ont-elles-mêmes traversé des troubles psychiques et utilisé le système de soin) »
Portée par les Hôpitaux Universitaires de Marseille en partenariat avec le GHU Paris Neuroscience et le CH Le Vinatier à Lyon, l’étude randomisée a inclus, dans 7 hôpitaux partenaires, 394 participants vivant avec des troubles bipolaires, une schizophrénie ou des troubles schizo-affectifs. Les résultats sont très significatifs, puisqu’au bout d’un an de suivi le fait de remplir des directives anticipées psychiatriques en présence des médiateurs réduit de plus de 30% les hospitalisations sous contrainte et améliore globalement la santé mentale (sentiment d’être davantage responsable et maître de sa vie, diminution des symptômes).
La CCDH, soucieuse du respect de la dignité des patients, demande la généralisation des directives anticipées en psychiatrie.
Voici ci-dessous l’ensemble de l’étude : jamapsychiatry_tinland_2022_oi_220035_1654263060.22318
Sources :
Communiqué de presse des Hôpitaux universitaires de Marseille :
Etude publiée dans le JAMA Psychiatry le 6 juin 2022 :
https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2793222