Patients sous neuroleptique : une alerte de La Haute Autorité de Santé
La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier son bilan annuel sur les événements indésirables graves associés aux soins. Un « Flash sécurité patient » ayant pour titre « patient sous neuroleptique » est consacré au secteur psychiatrique.
La HAS y présente 3 exemples d’événements indésirables graves survenus en psychiatrie :
1) Un patient sous Clozapine *. « En l’absence d’examen clinique, le patient est décédé des suites des complications d’une occlusion intestinale ».
2) « Un patient de plus de 70 ans, hospitalisé en unité de soins de longue durée pour psychose, est traité par neuroleptique ». « En l’absence de surveillance, le patient a fait une fausse route alimentaire entraînant une asphyxie mortelle ».
3) « Une jeune fille de 15 ans, traitée par neuroleptique au long cours pour troubles psychiatriques, arrive aux urgences pour douleurs abdominales. Elle est sous clozapine et prend irrégulièrement des laxatifs pour une constipation chronique ». « La patiente est décédée d’un retard de prise en charge des complications d’un syndrome occlusif sous neuroleptique ».
La HAS rappelle : « En 2014, l’enquête menée par le Baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) (1) confirme que la France continue de figurer comme le plus important pays consommateur de psychotropes en Europe : 16 millions chez les 11-75 ans ont déjà pris des médicaments psychotropes parmi lesquels les anxiolytiques (10 %), suivis par les hypnotiques (6,1 %), les antidépresseurs (6 %) et les neuroleptiques (0,8 %). Si les neuroleptiques apparaissent comme les psychotropes les moins utilisés, ils sont générateurs d’effets indésirables graves liés à leurs effets thérapeutiques ».
Pour que cela ne se reproduise pas, la HAS préconise :
- Une meilleure information du patient et de son entourage,
- Un dépistage et une surveillance accrue des risques, facteurs de risques, effets secondaires, etc.
- Une sensibilisation et la formation des professionnels de santé à la prise en charge des patients traités par neuroleptique et aux risques encourus
En conclusion, la HAS rappelle l’importance des soins somatiques en psychiatrie : « Il faut également être vigilant quant aux biais cognitifs (raccourcis de la pensée) pouvant compromettre la qualité de la prise en charge des patients, en particulier en psychiatrie, comme la propension à mettre toute symptomatologie sur le compte de la maladie psychiatrique ».
*Selon le dictionnaire Vidal, la CLOZAPINE est un antipsychotique utilisé notamment dans les cas de schizophrénie sévère et résistante. « Effets indésirables possibles du médicament CLOZAPINE BIOGARAN : Baisse du nombre des globules blancs, généralement réversible (voir Attention), mais parfois aussi augmentation du nombre des globules blancs avec ou sans fièvre, modification du nombre de plaquettes sanguines. Somnolence, fatigue, vertiges, maux de tête, convulsions, confusion des idées, agitation, délire, tremblement, rigidité musculaire, mouvements incessants des jambes, sécheresse de la bouche (ou au contraire hypersalivation), troubles de la vision, sudation excessive, hypotension orthostatique (ou plus rarement hypertension), accélération du cœur, malaises, arythmie, maladie cardiaque, ralentissement de la respiration, nausées, vomissements, perte d’appétit, constipation (exceptionnellement occlusion intestinale), prise de poids parfois importante, incontinence ou rétention urinaire, érection douloureuse et prolongée, révélation d’un diabète ou aggravation de celui-ci, anomalie des taux de lipides, réaction allergique, hépatite, augmentation des enzymes musculaires dans le sang (CPK) ».
Source : Clozapine : substance active à effet thérapeutique – VIDAL