Témoignage d’une patiente hospitalisée à l’hôpital psychiatrique de Lannemezan dans les Hautes Pyrénées
Durée de l’hospitalisation : 16 jours – mai/juin 2022
Pour commencer, ma mutuelle me permettait d’occuper une chambre seule mais les infirmiers me l’ont refusée pendant la durée de mon hospitalisation alors que certaines étaient libres et que des nouveaux patients y ont eu droit. J’ai donc dû supporter en chambre double les cris et paroles à haute voix en pleine nuit de ma voisine de chambre pendant plus d’une semaine. Mon sommeil était régulièrement interrompu et mes nuits courtes. Cette voisine de chambre faisait des cauchemars terribles toutes les nuits. Elle a dû batailler avec une infirmière pour pouvoir prendre son traitement au dernier moment autorisé, c’est-à-dire à 23h avant de dormir, dans le but de faire des nuits plus longues et de ne pas me réveiller. Visiblement cela n’arrangeait pas certaines infirmières qui ont refusé et qui ne voulaient pas comprendre qu’elle devait le prendre au dernier moment. Le psychiatre n’a prêté aucune attention au problème que cela lui causait. Un infirmier lui a même dit lorsqu’elle s’est plainte à lui : « Vous nous faites chier ! » ou alors « Vous n’avez qu’à prendre sur vous ! ». Elle est revenue dans la chambre en pleurs à cause de ces paroles.
La première fois que j’ai demandé à une infirmière de me donner un objet m’appartenant qu’ils gardaient enfermé à clé dans leur bureau infirmier, j’ai eu droit à cette réponse agressive : « Vous êtes une emmerdeuse! » (Les termes sont exacts).
J’ai eu droit à des réveils en fanfare le matin sur un ton agressif par des infirmières et des réflexions désobligeantes comme : « Vous n’êtes pas à l’hôtel ici ! ».
Lorsque j’ai demandé à prendre mon comprimé neuroleptique à la fin du petit-déjeuner pour éviter de le prendre à jeun et m’abîmer l’estomac, j’ai eu droit à des réprimandes de l’infirmière qui m’a crié : « C’est pareil que vous le preniez au début ou à la fin ! » Et j’ai dû élever le ton pour obtenir gain de cause.
J’ai été humiliée et culpabilisée pour avoir, soi-disant, trop mangé, par une infirmière à qui j’ai demandé un cachet pour une crise de foie. En effet, mon foie a mal supporté la prise d’un comprimé neuroleptique auquel je n’étais pas habituée car, en temps normal, je reçois une injection-retard et je ne prends aucun comprimé.
Les soignants du secteur « Tarbes-sud/Lourdes » du Centre Hospitalier de Lannemezan profitent de la vulnérabilité des patients pour les humilier et surtout les assujettir. Les infirmiers qui pratiquent l’humiliation, la culpabilisation, les multiples vexations quotidiennes, les abus de pouvoir, le manque de respect et la déshumanisation bafouent nos droits de patients et portent atteinte à notre liberté individuelle qu’ils piétinent constamment …
Bref, tout cela pour dire que la plupart des patients se plaignent de se sentir plus mal une fois entrés à l’hôpital psychiatrique … Il y règne une atmosphère très déstabilisante et vraiment déséquilibrante …
La nourriture est très rationnée pour certains aliments comme le beurre, la confiture, le ketchup, etc… Ils n’arrêtaient pas de dire: « On n’a pas été livrés ! ».
La moitié des infirmiers semblent détester leur travail et surtout détester les patients qu’ils maltraitent moralement à longueur de journée.
Les différents groupes d’infirmiers en roulement se contredisent les uns les autres. Ce qu’un groupe nous accorde ou nous dit, le suivant l’interdit et le contredit.
Pour ce qui est des psychiatres, ils nous donnent toujours des médicaments plus que de raison et même des cocktails de médicaments pour certains, qui ne sont pas du tout justifiés et qui détruisent les personnes sur tous les plans au lieu de les stabiliser…
Ils n’écoutent que de façon très superficielle les patients et ne donnent que très peu de crédit à leurs paroles. Ils les expédient en 10 minutes et ne prescrivent pas de traitements adaptés à chacun des patients mais administrent toujours trop de médicaments pour être sûrs d’avoir la paix en pensant résoudre le problème de cette façon.
Dernier point :
Je n’ai pas eu le droit d’avoir les résultats de ma prise de sang faite au sein de l’hôpital à mon entrée. J’ai demandé à plusieurs reprises : une première infirmière m’a dit qu’elle allait me les donner elle-même plus tard et lorsque je lui ai redemandé plus tard, elle a refusé en me disant qu’il fallait voir le docteur psychiatre. Lorsque j’ai demandé à voir le docteur psychiatre, on m’a répondu qu’il n’y avait rien de grave dans mes résultats donc que cela ne valait pas la peine de le voir. Au final, je ne sais pas où j’en suis dans mon bilan sanguin car on a refusé de me fournir les résultats. Or, j’estime qu’il est de mon droit de connaître les résultats de ma prise de sang.