Ce qui nous motive
Les droits de l’Homme sont l’affaire de tous.
Ces droits ne sont jamais acquis une fois pour toutes. C’est une création permanente, un combat sans fin qui exige une vigilance constante. Nous considérons qu’il s’agit là d’une responsabilité individuelle et collective, notre responsabilité.
La psychiatrie hérite d’un lourd passé d’atteintes aux droits de l’Homme.
Elle a beaucoup de mal à se débarrasser de ses vieilles habitudes et à se réformer. Être étiqueté « malade mental » ou « bipolaire » ou plus simplement « dépressif » et être traité comme tel, est trop souvent, selon les nombreux témoignages reçus, le début d’un engrenage dont il est extrêmement difficile de sortir. L’étiquette vous colle à la peau. Hospitalisations sous contrainte, traitements médicamenteux lourds, isolement, contention et électrochocs se pratiquent quotidiennement dans nos hôpitaux. Certains traitements ne sont-ils pas parfois pires que le mal ?
Les patients en contact avec la psychiatrie ont par définition besoin d’aide.
Une aide véritable. Ils ont besoin de communiquer, besoin d’être rassurés et accompagnés, besoin d’être écoutés et compris. Les traitements brutaux, intrusifs, abrutissants et coercitifs sont le contraire de cela. Ils peuvent être ressentis comme une trahison, un abus de confiance. Ils sont souvent très mal vécus, principalement par ceux qui en sont victimes bien sûr, mais aussi par ceux qui les appliquent. Chaque être humain, quels que soient ses problèmes, a droit au respect et à sa dignité d’être humain.
Un certain nombre de lois et de recommandations existent déjà pour encadrer des pratiques qui représentent une atteinte ou un danger pour les droits des patients. Encore faut-il qu’elles soient appliquées. Nous avons la preuve que, dans de très nombreuses situations, elles ne le sont pas. Nous documentons ces violations du Droit et considérons qu’il est de notre devoir d’informer et d’alerter non seulement les autorités concernées mais aussi le grand public afin qu’il soit mis fin à ces abus.
Le simple respect de la loi est essentiel et représenterait déjà un progrès très important, mais cela ne suffira pas.
Il faut un véritable changement de mentalité et de modèle pour que le patient psychiatrique ne puisse plus jamais être considéré comme une sorte de sous-citoyen ou un citoyen de seconde zone. Ceci doit s’inscrire dans les faits, pas seulement dans le discours officiel.
De nombreuses personnes, dont de plus en plus de personnels de santé, associations et institutions ont conscience de la nécessité et de l’urgence absolue d’une véritable réforme de la psychiatrie et agissent dans ce sens.
Ce qui nous motive à la CCDH, c’est la perspective et l’espoir d’une réforme en profondeur de la psychiatrie afin que cette discipline devienne bien plus respectueuse de l’être humain.
Notre conviction est qu’il est possible de faire que les droits de l’Homme y deviennent une réalité quotidienne. Notre but est d’apporter notre contribution à la réalisation de cet espoir.