Cet endroit a été une horreur pour moi – témoignage
J’ai été internée de force il y a trois ans à trois reprises parce que je souffrais d’électrohypersensibilité, de chimicosensibilité, et que je ne pouvais pratiquement plus m’alimenter.
À l’époque le médecin traitant qui me suivait était persuadé que j’étais folle. J’ai eu, depuis, la preuve que je ne pouvais physiquement plus m’alimenter normalement, puisque j’avais et j’ai toujours des allergies à IgE (immunoglobulines E) très, très élevées – à un point tel que l’allergologue n’avait jamais vu cela. J’ai depuis, pu bénéficier d’un suivi en médecine environnementale, et j’ai désormais des certificats médicaux qui indiquent que je suis, en effet, sensible aux ondes et aux produits chimiques.
Lorsque j’étais à l’hôpital psychiatrique, on m’a forcée à prendre des médicaments que je ne tolérais pas.
Si je refusais de les prendre, on me les injectait de force. On a constamment moqué mes problèmes d’électrohypersensibilité et de chimicosensibilité ainsi que mes problèmes alimentaires associés. On me donnait des traitements sans rien écouter de ce que j’avais à dire. On m’a forcée à manger des aliments que je ne tolérais pas, et pour cette raison j’ai dû jeûner pendant une semaine. Lorsque j’ai dû manger des aliments non tolérés, il m’est arrivé de m’effondrer à terre suite à un choc anaphylactique (réaction allergique très grave qui s’étend à tout le corps et qui peut être mortelle). Lorsque je prenais des médicaments non tolérés, je pouvais ne plus dormir pendant pratiquement des nuits entières. Le temps passé à ne pas dormir était une véritable torture. Je ne récupérais jamais le sommeil perdu, étant incapable de dormir en journée depuis plusieurs années.
Les médicaments qu’on m’a forcée à prendre me faisaient me sentir extrêmement mal, du fait que je ne tolère plus aucun médicament chimique depuis de nombreuses années. Je pouvais avoir des pics de tension à 16. J’ai eu une paralysie du visage qui a duré plus d’une journée. Je ne pouvais plus parler. J’avais une sensation intolérable d’étouffement et on prenait cela pour des hallucinations.
Les résultats d’analyse pour les IgE et pour l’histamine (un médiateur allergique) montrent des taux extrêmement élevés. Ceci est la preuve que j’ai en effet un profil poly allergique rare et grave et qu’on m’a forcée à de multiples reprises à prendre des choses que je ne tolérais pas.
Il m’est arrivé de tomber sur des infirmières qui étaient plus à l’écoute que d’autres et m’encourageaient en disant que la psychiatrie peut se tromper et que je devais garder courage jusqu’à ma sortie. Cependant c’était très rare. Je voulais mourir lorsque j’étais dans cet hôpital psychiatrique à Rennes. Cet endroit a été un enfer pour moi – et pas que pour moi.
Les amis qui sont venus me voir ont remarqué eux-mêmes que la façon de parler aux malades était complètement inappropriée. Les malades pouvaient se faire crier dessus très régulièrement par des infirmiers à bout. Les malades subissant ce stress étaient ainsi dans un climat d’angoisse pour certains, qui leur rendait la vie impossible, et aggravaient leurs problèmes psychiques.
Les trois hospitalisations et en particulier les deux dernières ont été pires qu’un calvaire pour moi. Ce type d’endroit ne devrait tout simplement pas exister. La solution à des problèmes psychiques n’est certainement pas d’enfermer les gens sans droit de sortie, sans téléphone, sans droit de communiquer ou sans avoir ne serait-ce que de la compassion, avec des médicaments obligatoires comme seule approche thérapeutique. C’est complètement insensé.
Cet endroit a été une horreur pour moi et j’ai fait tout ce que j’ai pu pour en sortir.
J’ai parlé avec beaucoup d’autres malades. Deux d’entre eux qui avaient fait de la prison, m’ont dit qu’ils préféraient la prison.
J’ai également été témoin de mises à l’isolement excessivement prolongées, ou de contentions. C’est assez impressionnant.
Malheureusement dans un contexte où les médicaments sont la seule approche thérapeutique, la contention apparaît comme une solution pour des gens qui ont une crise violente. Dans les deux cas (médicaments et contention) il s’agit en fait de se débarrasser du problème en passant le moins de temps possible à s’occuper des patients. Ce n’est probablement pas la faute des infirmiers.